Quelles sont les charges d’un kiné libéral ? Voici une question que tous les kinés devraient se poser avant de s’installer
Tu viens de te lancer (ou tu y penses sérieusement) en libéral, et une question revient souvent :
“Combien je vais devoir payer chaque mois, et qu’est-ce qu’il me reste à la fin ?”
Spoiler : en moyenne, entre 45 et 55 % de ton chiffre d’affaires part dans les charges.
Mais ce chiffre ne veut rien dire tant que tu ne sais pas ce qu’il y a vraiment dedans.
Alors si tu veux :
✅ comprendre exactement ce que tu paies (URSSAF, CARPIMKO, CFE, etc.)
✅ savoir quelles charges sont déductibles de ton bénéfice
✅ et surtout comment anticiper, calculer et optimiser tes frais professionnels
… tu es au bon endroit 🎯
Dans cet article, on fait le tour complet des charges d’un kinésithérapeute libéral : sociales, fiscales, fixes, variables, déductibles… et même quelques stratégies concrètes pour les alléger.
Les grandes catégories de charges du kinésithérapeute libéral
Une vision claire pour mieux gérer ton budget
Quand on parle de charges kiné libéral, on regroupe en réalité plusieurs familles de dépenses bien distinctes. Chacune a ses règles, ses montants, ses pièges… et ses astuces pour ne pas trop te faire plomber ton bénéfice.
Voici les 3 grandes catégories que tu dois absolument maîtriser 👇
Les charges sociales obligatoires
URSSAF : la part invisible qui grignote tes revenus
La première ligne que tu verras fondre sur ton chiffre d’affaires, c’est l’URSSAF.
Elle collecte plusieurs cotisations :
✅ Maladie / maternité : taux progressif de 3,25 % à 9,75 %
✅ Allocations familiales : de 0 % à 3,10 % selon ton revenu
✅ CSG-CRDS : 9,70 % sur tes revenus majorés
✅ CFP (formation professionnelle) : 118 € par an
✅ CURPS : 0,1 % de tes revenus, plafonné à 236 €
✅ Indemnités journalières : 0,3 % des revenus conventionnés
💡 Si tu exerces hors convention, une majoration de +9,65 % s’applique. Et ça pique.
CARPIMKO : ta retraite, ton avenir (et une grosse charge)
La CARPIMKO gère ton régime de retraite. Et elle ne rigole pas sur les cotisations :
✔ Régime de base : 8,23 % sur les premiers 47 000 € de revenus
✔ Régime complémentaire : forfait + 3 % sur une partie de tes revenus
✔ Invalidité-décès : 1 022 € fixes par an
✔ Avantage Social Vieillesse (ASV) : forfait + part financée par la sécu
💡 Pour un revenu de 45 000 €, compte environ 9 500 € par an rien que pour la retraite.
Les charges fiscales et impôts
L’impôt sur le revenu (IR)
- Tu es en BNC (Bénéfices Non Commerciaux) ? Tu déclares avec le formulaire 2035.
- Tu es en micro-BNC ? Tu déclares en 2042, avec un abattement de 34 %.
- Tu es en société (SEL, SCP) ? Tu peux être à l’impôt sur les sociétés.
💡 En adhérant à une AGA, tu évites une majoration fiscale de 25 % de ton bénéfice imposable.
La Cotisation Foncière des Entreprises (CFE)
C’est une taxe locale obligatoire, calculée en fonction :
- de ton chiffre d’affaires
- de la surface de ton local
- et de ta commune d’installation
💡 À Paris, elle peut être faible. Dans d’autres villes, elle dépasse 1 000 €/an.
Les charges d’exploitation du cabinet
Loyer, charges, matériel, abonnements…
Ce sont tes dépenses “quotidiennes”, celles que tu dois couvrir pour faire tourner ton cabinet :
- Loyer ou prêt immobilier
- Électricité, eau, chauffage, ménage
- Matériel kiné (table, TENS, etc.)
- Logiciels (Doctolib, Vega, Kine+…), internet, téléphone
- Blanchisserie, consommables
💡 Ces charges varient énormément d’un cabinet à l’autre : entre 15 et 30 % du CA selon le mode d’exercice.
Quelles sont les charges déductibles et non déductibles en kiné libéral ?
Les frais professionnels déductibles
Frais de déplacement et barème kilométrique
Tu fais des visites à domicile 🏠 ? Tu participes à des formations ? Tu utilises ta voiture pour ton activité ?
Bonne nouvelle : ces frais sont déductibles.
✅ Tu peux opter pour :
- le barème kilométrique (le plus simple, si tu n’as pas beaucoup de frais réels)
- ou la déduction des frais réels (carburant, assurance, réparations, péages, parking…)
💡 Astuce : si tu déclares tes trajets domicile-cabinet, la distance doit être inférieure à 80 km.
Et garde tous tes justificatifs (relevés kilométriques, factures, etc.).
Frais de repas professionnels
Tu manges souvent en dehors de chez toi pour des raisons pro ?
Tu peux déduire une partie de tes frais de repas.
✔ En 2024, le montant déductible est plafonné à 19,40 € TTC par repas,
✔ dont on déduit 5 € de part “personnelle” ➜ soit un maximum de 14,40 € déductible.
💡 Cela vaut aussi pour les repas en congrès ou séminaire, dès qu’il y a un lien pro direct.
Frais de formation continue, congrès et séminaires
Tu suis une formation pour te perfectionner ? Tu participes à un séminaire kiné ou à un événement pro ?
Tous les frais suivants sont déductibles :
💼 frais d’inscription
📚 matériel pédagogique
🚄 transport, hôtel, repas sur place
💡 Le FIF-PL peut prendre en charge une partie de ces dépenses (jusqu’à 750 €/an selon les cas).
Amortissements (patientèle, matériel)
Certains achats coûteux ne sont pas déductibles d’un coup, mais tu peux les amortir sur plusieurs années :
- Table de massage, appareil de cryothérapie, ondes de choc, mobilier coûteux…
- Achat de patientèle ou de parts de cabinet
💡 Exemple : un appareil à 5 000 € peut être amorti sur 5 ans ➜ soit 1 000 € déductibles/an.
Les charges non déductibles
Cotisations CSG/CRDS
C’est le piège classique : tu verses une bonne partie de tes revenus à la CSG et à la CRDS, mais tu ne peux pas les déduire de ton bénéfice.
Elles sont calculées sur tes revenus + cotisations sociales, mais non récupérables fiscalement.
Achat de patientèle (non déductible, mais amortissable)
⚠️ L’achat d’une patientèle n’est pas une charge déductible immédiate, mais tu peux l’amortir sur 5 à 10 ans selon le prix et la valeur estimée.
💡 Si tu rachètes un cabinet, prévois un plan d’amortissement avec ton expert-comptable.
Acquisition de parts sociales
Tu investis dans une SELARL ou une SCP ? Même principe que la patientèle : l’achat de parts n’est pas déductible, mais amortissable.
💡 Attention à bien distinguer l’investissement personnel (non déductible) des frais d’exploitation du cabinet.
Optimiser ses charges et sa fiscalité
Déductions et amortissements à ne pas négliger
Tu veux payer moins d’impôts sans rien frauder ? Commence par maîtriser les règles du jeu fiscal.
✅ Toutes les dépenses professionnelles justifiées sont déductibles : loyer, matériel, abonnements, déplacements, repas, formations…
💡 Pour les gros achats (matériel, patientèle…), pense à l’amortissement comptable.
Plutôt que de tout déduire d’un coup, tu étales la déduction sur plusieurs années ➜ plus lisse, plus propre.
Et surtout :
✔ garde tous tes justificatifs
✔ suis tes dépenses régulièrement
✔ fais valider tes choix par un expert-comptable (ou un bon logiciel dédié)
Choix du bon statut juridique (EI, SEL, SCP…)
Ton statut a un impact direct sur ton niveau de charges et ta fiscalité.
✔ En entreprise individuelle (EI), tu es imposé sur ton bénéfice BNC, au barème progressif
✔ En micro-BNC, tu bénéficies d’un abattement de 34 %, mais pas de déductions réelles
✔ En société (SELARL, SCP), tu peux opter pour l’impôt sur les sociétés (IS) ➜ intéressant si tu veux réinvestir
💡 Exemple : un bénéfice de 40 000 € est taxé à 15 % en IS, contre jusqu’à 30 % en IR selon ta tranche.
Et tu peux aussi mutualiser certains frais si tu travailles à plusieurs (voir ci-dessous 👇).
Zones de fiscalité avantageuse (ZRR, ZFU…)
Tu es prêt à t’installer en zone moins dense ? Tu peux profiter d’exonérations fiscales puissantes.
✅ En ZRR (Zone de Revitalisation Rurale) ou ZFU (Zone Franche Urbaine), tu peux obtenir :
- exonération totale d’impôt sur les bénéfices pendant 5 ans
- puis dégressivité sur les 3 années suivantes
- exonération possible de CFE et de charges sociales
💡 Une opportunité à considérer si tu veux t’installer dans un désert médical sans sacrifier ta rentabilité.
Mutualisation des espaces et frais partagés
Tu bosses en groupe ou dans un cabinet pluridisciplinaire ? Profite-en pour réduire tes charges fixes :
✔ Loyer partagé
✔ Abonnements et logiciels mutualisés
✔ Entretien, ménage, blanchisserie en commun
✔ Secrétariat ou télésecrétariat centralisé
💡 Travailler à plusieurs, c’est aussi plus de visibilité, de bouche-à-oreille et de temps gagné.
Utilisation de logiciels pour réduire les charges administratives
Ta compta, ta facturation, tes rappels patients, tes télétransmissions… tout peut être automatisé aujourd’hui.
✅ Quelques outils utiles pour les kinés libéraux :
- Doctolib, Maiia, Vega, Kiné+
- Notabene Compta, Keobiz ou Tempo pour ta comptabilité
- Google Drive, Notion ou Wimi pour ton organisation interne
💡 Résultat : moins d’heures perdues, moins de paperasse, moins d’erreurs.
Et donc, indirectement : plus de revenus.
Exemple chiffré : simulation de charges annuelles pour un kiné
Cas pratique : un cabinet urbain avec 100 000 € de chiffre d’affaires
Tu veux savoir concrètement ce qu’il te reste à la fin du mois après avoir payé toutes tes charges ?
Voici un exemple réaliste, basé sur les moyennes observées pour un kiné installé en zone urbaine avec un cabinet individuel.
📊 Hypothèse : 100 000 € de chiffre d’affaires annuel
Catégorie de charge | Montant estimé (€) |
Loyer + charges du cabinet | 15 000 € |
Matériel + fournitures | 7 000 € |
Assurances professionnelles | 400 € |
Frais administratifs (logiciels, etc.) | 3 000 € |
Frais de déplacement | 2 500 € |
URSSAF | 12 000 € |
CARPIMKO (retraite) | 15 000 € |
CFE (taxe locale) | 800 € |
Total des charges : 55 700 €
💡 Ce qui te laisse un bénéfice net avant impôt de 44 300 €
Ce montant sera ensuite soumis à l’impôt sur le revenu, selon ton régime fiscal (IR ou IS).
Lecture rapide : ce que ça signifie pour toi
✅ En libéral, plus de la moitié de ton CA part en charges
✅ Tu dois provisionner dès le début chaque mois (50 % de tes entrées = charges futures)
✅ Une bonne gestion et des arbitrages malins (local, matériel, statut) peuvent faire gagner plusieurs milliers d’euros par an
💡 Conseil : utilise un compte bancaire pro dédié, et verse-toi un “salaire mensuel fictif” en gardant le reste pour provisions.
Questions fréquentes sur les charges du kiné libéral
Peut-on vraiment déduire tous les frais professionnels ?
❌ Non. Certaines dépenses sont déductibles, d’autres non.
✅ Par exemple : matériel, loyer, repas pros, frais de déplacement, abonnements logiciels, formations
❌ Mais pas : CSG/CRDS, achats personnels, vêtements non spécifiques, vie privée
💡 Règle d’or : la dépense doit être justifiée, professionnelle, et raisonnable.
En cas de doute, ton comptable (ou ton AGA) est là pour valider.
Est-il plus avantageux d’exercer en société ?
✔ Ça dépend de ton chiffre d’affaires et de tes projets.
✅ Si tu dépasses les 80 000 € de bénéfices nets annuels,
le passage en SELARL (imposée à l’IS) peut t’éviter la tranche à 30 ou 41 % de l’impôt sur le revenu.
Autres avantages :
- possibilité de te verser une rémunération + dividendes
- meilleure optimisation fiscale si tu veux réinvestir dans ton cabinet
💡 En revanche, plus de paperasse, plus de gestion, et frais juridiques.
Comment réduire légalement ses charges ?
Voici 5 pistes concrètes :
✔ Mutualiser ton cabinet avec d’autres pros de santé
✔ Optimiser les postes de dépenses : renégocier assurances, abonnements, logiciel…
✔ Utiliser tous les dispositifs de déduction ou d’amortissement
✔ Choisir un statut fiscal adapté à ton activité
✔ Te former ou investir dans des outils qui te font gagner du temps et de l’efficacité
💡 La réduction des charges passe surtout par de bons choix stratégiques dès le début.
Quelle part des revenus faut-il mettre de côté chaque mois ?
Une règle simple pour ne pas te faire surprendre : ✅ Dès que tu encaisses 100 €, mets 50 € de côté :
- 30 € pour les charges sociales
- 10 € pour les frais fixes du cabinet
- 10 € pour les impôts
💡 Tu peux aussi automatiser un virement vers un compte pro dédié chaque semaine ➜ zéro stress au moment de payer l’URSSAF ou la CARPIMKO.
Conclusion : mieux piloter ses charges pour gagner en rentabilité
Tu l’as vu, exercer en libéral, c’est plus qu’un métier : c’est une gestion d’entreprise à part entière.
Et comme dans toute entreprise, ta rentabilité ne dépend pas que de ton chiffre d’affaires…
Elle dépend surtout de ta capacité à maîtriser et optimiser tes charges.
✅ Comprendre ce que tu paies (URSSAF, CARPIMKO, impôts, CFE…)
✅ Identifier ce que tu peux déduire légalement
✅ Anticiper les postes lourds (matériel, local, logiciels)
✅ Choisir un statut fiscal adapté à ton activité
✅ Et t’entourer des bons outils (ou du bon comptable)
💡 Une bonne gestion peut facilement libérer plusieurs milliers d’euros par an.
Et c’est ce qui te permettra de te verser un vrai revenu confortable, sans stress ni mauvaises surprises.
Tu es maintenant prêt(e) à reprendre le contrôle sur tes charges — et à faire de ton cabinet une activité vraiment rentable 💪